Avant Projet
Terre Construite : Avant-projet de coopération sur l’usage de la terre comme matériau de construction
Intentions
Le projet vise à mettre en œuvre une structure d’échange universitaire qui se donnerait pour objet d’étude la terre comme matériau de construction. Il a pour soutien deux instituts de recherche, lesquels se consacrent à l’étude de la terre et de ses techniques constructives. Le premier est le CRIATIC (Centre Régional d’Investigation sur l’Architecture de Terre Crue) de la Faculté d’Architecture de Tucumán en Argentine, le second est CRAterre de l’Ecole d’Architecture de Grenoble en France.
La terre s’édifie sur la route de l’adobe; c’est le terrain lui-même qui s’élève.
Il s’agit d’appréhender l’usage d’anciennes techniques de construction. De conserver le savoir faire ancestral des habitants. De préserver le patrimoine constructif. De faire de la terre un matériau noble par opposition au matériau pauvre qu’on suppose qu’il est. Qu’apparaissent indubitables les qualités de l’adobe en termes de mise en oeuvre, structurels et thermiques.
Etablir une structure d’échange qui s’offre, elle-même, plusieurs plans de découverte. Connaissances scientifiques et intuition savante, recherche et mémoire constructives, approche théoriques et expérimentation pratiques… Une rencontre de trois peuples: le peuple Diaguita, l’Argentin et le Français autour de la construction de terre.
Le travail s’engagera avec la Communauté Indigène d’Amaicha del Valle. En premier lieu, il entrera dans cadre légal disposé par la Constitution Politique élaborée par les descendants du peuple Diaguita. Il respectera les dispositions relatives à l’acquisition d’un terrain prévues par l’article 27 et cherchera à satisfaire les objectifs de formation que précises l’article 17. Enfin, il ira jusqu’à tenter un accord de coopération international du type spécifié par le point 6 des attribution du Cacique ou Curaca Principal (art. 57).
A la date du jeudi 21 décembre 2006, le Cacique, Mario Quinteros a donné un premier accord de principe à la poursuite du développement du projet. Le 23 janvier 2007, il y eut une nouvelle rencontre, à laquelle participèrent des membres du conseil des anciens et le représentant en matière juridique de la Communauté : Eduardo Nieva ; alors, furent arrêtées les dispositions légales pour l’officialisation juridique du projet.
Moyens
Le projet est double. Il s’est donné pour objectifs d’offrir un champ d’expérience aux étudiants de ses deux partenaires académiques, et pour y parvenir il prévoit de satisfaire à un double programme de logement dans une forme d’alternance saisonnière. Le premier est une infrastructure touristique: une auberge, qui financera pour partie les nécessités en matériau du second. De telle sorte qu’il sera offert aux étudiants compromis dans l’extension du projet non seulement le logement mais aussi la disposition des matériaux requis pour l’édification et l’extension, à mesure que cette même structure croît.
Le premier pas devra donc incontestablement être l’achat du terrain d’expérience et la vérification de son adéquation avec la volonté de construire un refuge de terre. La seconde étape consistera en la réactivation du lien préexistant entre les deux laboratoires, le faire plus étroit et qu’il se maintienne durablement. Le terrain concrétisera le processus de coopération, et sera le lieu oú les deux laboratoires engageront ensemble des projets ayant pour perspectives l’échange de connaissances constructives. Mais au-delà du terrain physique, il faudra disposer d’un outil complémentaire qui sera certainement la mise en page Web d’une plateforme de collaboration suivie à distance. Ce vecteur permettra à tous les acteurs, mêmes les plus lointains, d’apprécier la cohérence générale de l’évolution du projet et de l’intégration au site de l’objet architectural proposé comme déploiement.
Il s’agit d’une entreprise mixte engageant les responsabilités conjointes d’investisseurs et de deux centres, CRIATIC et CRAterre, dans l’administration et la gestion de l’endroit. Il est attendu des deux centres académiques qu’ils donnent un cadre pédagogique à l’entreprise constructive, qu’ils engagent les étudiants à participer de l’extension progressive de la capacité d’accueil de la structure même. Enfin, qu’ils offrent leur assistance technique et leur soutien institutionnel en vue du développement durable du projet à moyen et long terme.
La Communauté Indigène d’Amaicha del Valle, offrant le terrain d’inscription de l’expérience qui est sur le point de débuter en son sein, offre d’un même mouvement, la libre disposition des matériaux naturels nécessaires à l’édification. La Communauté, en échange, émet des conditions d’exécution : que le chantier engagent des amaicheños dans sa réalisation, que ses derniers soient formés durant le processus de construction et que leurs soient reconnus, au terme, l’acquisition d’une compétence validée par un certificat. Enfin, travailler à permettre que certains amaicheños compromis dans l’entreprise, viennent approfondir leurs formations dans le cadre de L’institut CRAterre, en France. Par ailleurs, la Communauté Indigène d’Amaicha del Valle, par la voie de ses autorités légales, formule deux propositions en forme de demandes : l’assistance technique pour la construction du Musée de la Communauté, et l’esquisse d’un règlement urbain de la ville d’Amaicha del Valle.
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Fait à Amaicha-del-Valle, le 28 mars 2011
Nota Bene de l’avant-projet:
Le conseil d’administration réuni dans la maison de l’association déclare ce jour:
Au terme des cinq années écoulées il nous apparaît nécessaire d’adjoindre une annexe au document ci-dessus. En effet, nous avons, en pratique, révisé certaines des modalités de fonctionnement décrites dans « l’avant-projet ». Ces différences concernent en particulier le premier paragraphe relatif aux « moyens ». Finalement, le projet n’a jamais été double. Dans les faits la structure associative d’Amaicha n’a jamais accueilli de touristes. Pour diverses raisons, la première étant certainement de rester en cohérence avec nos propres recommandations qui préconisent que l’activité touristique ne soit pas le secteur exclusif du développement territorial. La seconde raison est que nous ne voulions pas prendre la responsabilité et les fruits d’un tel développement économique. Il nous semble aller de soi que les amaicheños organisent l’accueil des voyageurs et la découverte des lieux. Enfin, une fois construite, nous n’avions plus envie de faire de la maison de l’association une auberge. Par ailleurs, l’afflux de demandes de participations aux chantiers associatifs a ouvert de nouvelles perspectives d’auto-financement à Terre Construite. Ainsi, aujourd’hui nous demandons au titre de cotisation 5 euros quotidiens à chaque adhérent durant le temps de sa participation. Ces 5 euros sont directement affectés par l’adhérent aux nécessités du chantier auquel il participe. Ce mode de financement assure notre autonomie d’action et la continuité des projets associatifs entrepris. De plus, cette contribution permet d’associer davantage les participants aux décisions liées à l’économie du projet. Enfin, le conseil d’administration est heureux et fier d’annoncer que depuis 5 ans une relation de confiance est établie entre l’association et la communauté indigène d’Amaicha del Valle. Relation étroite qui a d’ores et déjà donné le jour à de nombreux projets de coopération desquels l’échelle, la nature, l’ambition et la durée sont variables et illustrées dans la colonne «compléments». Ainsi, nous comptons aujourd’hui plus de 100 membres venus de tous les horizons pour s’associer aux projets constructifs, architecturaux, urbains, territoriaux mais au delà politiques de la communauté indigène d’Amaicha del Valle.